La femme au Japon (1er essai)

Publié le par Nasrine

 
Voici mes premières réflexions sur la place de la femme dans la société japonaise, qui évolueront sûrement au fur et à mesure de notre immersion. (Je demande à Maiko d’être indulgente)
 
Lors de son discours d’ouverture de la session annuelle de la Diet (le 20 janv.-06), le premier ministre Koizumi a indiqué que son gouvernement préparait un projet de loi permettant aux femmes l’accession du trône impérial. Serait-ce le signe d’une révolution au pays du soleil levant ?
  
 

Deux maiko (apprenties geisha) à Kyoto, avril 2004, lors de notre 1er voyage au Japon (Dédicace pour Sébastien, fan de Madame Butterfly)

 

 

 

 

 

 

En arrivant d’occident avec tous nos clichés, depuis l’image ancienne de la geisha, experte dans l’art de la séduction subtile, à celle plus récente de la femme au foyer docile et muette, il est difficile de se faire une idée du degré de liberté et d’émancipation des japonaises. Et je peux difficilement conclure quoique ce soit de ma propre expérience, puisque primo je suis une gaijin (étrangère), et secundo j’ai toujours évolué dans un environnement professionnel masculin, dirigé par des hommes (c’est tout autant le cas à Tokyo qu’à Paris).

Mais ce qui est assez paradoxal, c’est que mes copines tokyoïtes non japonaises m’ont plutôt évoqué la liberté qu’elles ressentent ici : elles peuvent se balader partout et à n’importe quelle heure en toute sécurité, sans jamais se sentir jugée ou épiée et ce quelle que soit leur tenue.

Par contre, on remarque vite que pèse sur les épaules des femmes japonaises une série de conventions sociales, bien plus pesantes que pour les hommes. Elles doivent respecter un code la féminité : avoir une certaine façon de s’exprimer, utiliser un vocabulaire précis, garder un comportement social discret et mesuré. Et partout on lit ce dilemme cornélien de la femme japonaise : travailler ou se marier et avoir des enfants, choix inconciables au Japon. Et c’est vrai que les femmes japonaises de mes collègues sont toutes femmes au foyer.
 
J’ai été très étonnée de lire que cette figure de ménagère est relativement récente, puisque comme le souligne la sociologue Ochiao Emiko, elle n’est devenue majoritaire qu’à partir de 1945. C’est avec l’arrivée des normes bourgeoises américaines de l’époque que s’étend le modèle de la femme au foyer, preuve de réussite sociale dans la classe moyenne. Le hic, c’est que la japonaise sort bien plus lentement de son carcan domestique que l’occidentale.
 
Une loi sur l’égalité des chances dans l’emploi a été votée en 1986. En conséquence, deux filières de promotion ont été créées au sein des entreprise : celle des employés souhaitant faire carrière au sein de l’entreprise et celle de ceux appelés a la quitter. Evidemment, peu de femmes accèdent á la première. De plus, la loi a eu pour effet pervers la perte des protections dont bénéficiaient les femmes (heures supplémentaires, travail de nuit) !
 
 
 Neanmoins, les chiffres démontrent une vraie évolution de la population active depuis une vingtaine d’années. Entre 1980 et 1996, le nombres de salariées a doublé. Et en 2003, les femmes représentaient la moitie du salariat. Et pour demain, avec une population en décroissance (et ce pour la première fois en 2005), et le manque de main d’œuvre importée (malgré notre arrivée !), le Japon devra sûrement puiser dans sa population féminine fortement qualifiée.
 
 
 
 
 
 
Chanteuse de rock rencontrée a Harajuku, Tokyo en avril 2004

 

Publié dans fou2japon

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